Formation: concevoir une reprise libre en musique.

Le 1er février dernier, j’ai participé à une formation au parc du cheval de Chazey-sur-Ain sur l’apprentissage et la conception d’une Reprise Libre en Musique. Deux intervenants de qualité ont animé cette journée : Jean Michel Roudier, juge international 5*, et Bernard Daney, speaker et illustrateur des RLM des plus grands cavaliers. 

Cela fait plusieurs mois que j’aimerais me lancer dans une RLM avec Quinto, mais je ne savais pas par où commencer : Dois-je commencer par trouver les musiques et caler mes figures dessus ? Dois-je commencer par faire mon tracé et ensuite caler des musiques dessus ? Comment bien choisir mes musiques ? Je dois donc dire que cette journée de formation est tombée à pic ! Je vais donc tenter de partager avec vous ce qui nous a été transmis afin de répondre au mieux aux questions que vous pourriez vous poser !

  • La chorégraphie

 Il y a deux façons d’aborder la création d’une RLM.

La première est de faire son dessin de chorégraphie en fonction des points forts et des points faibles de votre cheval (par exemple, s’il est très bon dans les allongements, profiter de ce point fort et en intégrer plusieurs, et ce sur de grandes diagonales. Si ce n’est pas le cas au contraire, essayez de n’en mettre qu’une seule ou deux petites). Une fois que ce dessin est fait, déroulez-le, filmez-vous et ensuite ajoutez les musiques.

La deuxième façon de travailler est de tester les musiques sur des mouvements en carrière avec votre cheval. Cela vous permettra de voir lesquels vous correspondent le plus, à vous et à votre cheval. Cette méthode est donc préférable car elle permet de créer de l’émotion.

  • Raconter une histoire

Il faut vraiment concevoir sa reprise comme une histoire, et pour cela il faut préparer une entrée qui éveille la curiosité. On n’a pas deux fois l’occasion de faire une première bonne impression, alors il faut faire quelque chose de propre et de tonique. Ensuite, au milieu de l’histoire, on peut avoir quelque chose de plus paisible, l’histoire se déroule sereinement. Puis vient la fin, où l’on peut se permettre de mettre quelque chose de plus dynamique. C’est la dernière image que les juges auront de vous, donc pensez à soigner le final.

Qui dit histoire dit donc début, milieu et fin mais aussi respect du même style et de la même orchestration musicale. Vous n’allez pas apprécier, pendant la lecture d’un livre sentimental et romantique, de lire une scène de guerre violente, musclée et gore : c’est pareil pour l’orchestration musicale, qui doit suivre une cohérence du début à la fin.  

Il est important de mettre les mouvements forts de sa reprise au début.

Il faut penser également à utiliser des lignes nouvelles, des courbes et des tracés pouvant surprendre, et sortir des reprises déjà existantes. N’hésitez pas à mettre les mouvements sur des pistes intérieures, des lignes du ¼ ou du milieu … Cela sera qualifié de difficile et augmentera votre note. Favorisez vos mouvements forts en les installant loin de la piste, et mettez vos mouvements plus faibles sur la piste. 

Il ne faut pas oublier également qu’il faut une symétrie dans vos mouvements ! Chaque figure doit être exécutée à main gauche et à main droite. Votre reprise ne doit pas être “heurtée”, il faut que les mouvements coulent de sources et que l’enchaînement “se fasse tout seul”, que les juges se laissent bercer par votre histoire. Évitez au maximum que le juge se questionne sur la cohérence de chaque mouvement.

  • Petit rappel sur la musique :

La cadence et le rythme composent la musique, et ce sont deux choses bien distinctes.

La cadence est une composition du rythme, c’est la note, la vitesse, le tempo.

“la cadence, c’est la régularité du poser d’un même pied” . 

Le rythme peut être défini comme étant la mesure où se situe l’ensemble de notes. Le rythme est la caractéristique d’un phénomène périodique induit par la perception d’une structure dans sa répétition. Le rythme n’est pas le signal lui-même, ni même sa répétition, mais la notion de forme ou de « mouvement » que produit la répétition sur la perception et l’entendement.

Voici une très bonne explication de ces notions

https://www.laquintejuste.com/11-bases-du-solfege/188-rythme-et-pulsation

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Maintenant, comment appliquer tout ça aux allures ?

Le Pas 

Le pas est une allure à 4 temps, il faudra donc bien choisir une musique qui les marque si votre cheval marche bien à 4 temps. (marquer les points forts). En revanche, si votre cheval a un pas qui pourrait presque se latéraliser, alors choisir plutôt une musique qui ne marque pas les 4 temps du pas mais seulement le poser d’un même membre par exemple.

Le BPM (Battement Par Minute) moyen du pas  est à 80 (référence FEI).

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Ici même si la cadence est bonne et correspond à la cadence du pas, le rythme donnera quant à lui l’impression d’un cheval qui marche comme “un chameau”.

Montez le volume et regardez cette vidéo :


Maintenant regardez la vidéo du cheval au pas et mettez cette musique.

L’imrpression qui s’en dégage n’est pas du tout la même. Nous avons le même tempo mais pas le même rythme. Voilà pourquoi il est important de bien choisir en fonction de son cheval.

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Le Trot 

Le trot est une allure à 2 temps.

Dans le rythme, on va chercher des musiques appelées “binaires”. Selon la référence FEI le BPM moyen du trot est à 134. Cherchez à souligner le poser de chaque bipède (et donc de chaque antérieur).

ATTENTION: mettez en valeurs les allures naturelles de votre cheval.

S’il a tendance à précipiter son trot, évitez de mettre des musiques où il y aura trop de notes et où l’impression générale sera plutôt brouillon. Préférez une musique avec la bonne cadence mais des notes plus fortes !

Prenons un exemple sur cette musique de Duke Ellington et jouons à un jeu. Verriez vous plutôt un Allemand dérouler un reprise sur cette musique? Ou un petit espagnol avec un trot tout rapide? Un poney? 

Et c’est là qu’on se rend compte que c’est important d’avoir en tête ce qu’on veut souligner sur son cheval. Peut être “calmerait-elle” un trot trop rapide? Peut-être appuierait-elle trop sur le côté “lourd” de l’allemand?

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On a ici une musique qui tourne dans les 130 BPM, donc plus “lente” que la musique de Duke Ellington ci-dessus. Pourtant, le rythme paraît plus rapide.

Il faut donc bien accorder de l’importance à la cadence de vos morceaux plutôt qu’au rythme. Ici, utiliser cette musique sur un petit espagnol au trot pourrait le desservir, car son allure serait plus rapide et cela manquerait de cohérence. 

Voici ci-dessous 4 vidéos d’une même reprise avec 4 musiques différentes. Bien qu’elles soient toutes calées avec le bon bpm (fais sur montage vidéo) sur l’allure du cheval, l’allure semble différente en fonction des différentes musiques.

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Le trot est une allure à 2 temps.

Dans le rythme, on va chercher des musiques appelées “binaires”. Selon la référence FEI le BPM moyen du trot est à 134. Cherchez à souligner le poser de chaque bipède (et donc de chaque antérieur).

Attention également à bien marquer les changements inter-allures avec les musiques, par exemple avec des musiques plus fortes pour les transitions au trot allongé.

Attention, pas plus rapide, mais plus forte : je rappel qu’au trot allongé, la cadence ne change pas, seule l’amplitude augmente, donc la musique doit garder le même BPM. Jouer sur l’instrumental (plus d’instrument) ou sur le volume. 

Ici, nous avons un très bon exemple d’une musique à 80 BPM qui peut servir pour du pas, et avec des variations nous permettant de rajouter du pas allongé, ou de marquer une demi pirouette.

écouter ici


Admirez les changements dans les musiques de Charlotte Dujardin dans ses Freestyles ! 

Le Galop 

Au galop, la cadence est autour des 94 BPM. C’est une allure à 4 temps ! Le Jazz fonctionne très bien avec cette allure car elle marque souvent les contretemps et les syncopes.

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les syncopes et les contre-temps sont trés bien expliqué ici.

Il faut que la musique marque la frappe, le temps fort du galop, donc le poser de l’antérieur.

Les Jingles 

Bref thème musical introduisant ou accompagnant une émission ou un message publicitaire et destiné à provoquer un réflexe de reconnaissance.

Les jingles sont des outils à ne pas négliger qui vous servirons de repères dans vos reprises libres. Effectivement ils vous permettent de signaler une transition ou une figure afin de vous préparer. 

Charlotte Dujardin, par exemple, utilise beaucoup des bruit de “clochettes”. 

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Comme par exemple ici à 2,59s, un bruit de clochette qui signale qu’elle doit faire sa transition au pas.

idem ici a 3,29s, un bruit de clochette qui signale qu’Edward doit faire sa transition au pas.

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